Hector Gutierrez

Hector Gutierrez

Isabelle Macherez parle d'Hector Gutierrez

"Ce qui est intéressant dans la peinture, c'est la liberté. Il n'y a pas de contraintes, on peut s'exprimer comme on veut."

 

Toute l'œuvre du peintre chilien, Hector Gutiérrez, est traversée par une vision émouvante de formes et de couleurs vives. Il y a au cœur du mouvement créateur de l'artiste une alchimie née entre cette nécessité d'écrire sur la toile les reflets colorés de son imaginaire et un engagement politique fort qui trouve son point ultime de convergence dans des instants fugitifs captés par le pinceau du peintre questionnant la solitude et la mort, l'ombre et la lumière.

 

C'est une banalité de dire que nos sentiments influent notre manière de voir.

À 9 ans, Hector Gutiérrez peint. Son père lui offre les murs de la maison familiale pour qu'il les décore. Sélectionné par concours, il entre dans une école prestigieuse de Santiago pour y étudier les arts plastiques. Il y acquiert une conscience politique ; il a 13 ans, nous sommes en 1961. De cette tension, née entre le va-et-vient de son monde intérieur coloré et celui extérieur riche en découvertes, se fond en lui une vision kaléidoscopique, quasi magnétique, synthèse de deux territoires qu'il ne dissocie pas : l'art et la liberté des hommes de penser, de se construire par eux-mêmes. C'est cette dynamique qui veine ses tableaux de couleurs fortes et soustrait à ces mers lointaines le souvenir d'une femme qui plonge son regard dans le miroir, suspendue au temps, approchant son double dans le tracé magique du bâton à lèvres la montrant tout en la cachant. Nous sommes pris à témoin devant ces moments tragiques ; ellipses de la solitude quand le monde se tait et laisse filtrer, en transparence, les épopées humaines inexorablement vouées à la mort.

 

Une autre diagonale traverse l'œuvre de l'artiste : tenter de dissoudre la réalité, arriver au point limite, au moment où l'objet visible est aspiré soit par l'ombre soit par la lumière. Il s'agit alors de contenir sur la toile les zones où les contours brûlent dans un trop-plein d'intensité quand les particules de lumière s'effondrent ou s'intensifient, se dissolvant dans une sorte de dualité totalement physique.

La tasse à café devient un rond parfait et subsiste quelques gestes de couleurs.

 

Si nous nous affranchissons d'une vision rationnelle, nous captons les reflets d'un autre monde, la beauté d'une autre vie, prenant conscience de l'infinie variété qui s'offre au sens de notre vue.

 

Conversation de Hector Gutiérrez  avec Isabelle Macherez  dans l’atelier à Thizy  en Juin 2009



25/12/2009
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